Thomas, notre jumeau…

23 avril 2017, 2e dimanche de Paques, Année A,  Jn 20,19-31 /

Nous connaissons bien ce passage de l’apparition de Jésus ressuscité aux onze puis à Thomas avec un décalage d’une semaine… Le personnage de Thomas « l’incrédule » a fait couler beaucoup d’encre, sauf que bon nombre de commentateurs oublient que l’Évangile est d’abord écrit pour ses lecteurs, c’est-à-dire chacun d’entre nous. En fait, à travers la figure de Thomas, notre jumeau, l’évangéliste Jean se livre à une véritable catéchèse. Catéchèse portant sur l’assemblée dominicale, sur l’enseignement des apôtres et sur la foi. Le petit sommaire sur la première communauté de Jérusalem dans les actes nous donne la clef de lecture de notre passage d’Évangile : « Les frères étaient fidèles à écouter l’enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières. La crainte de Dieu était dans tous les cœurs ; beaucoup de prodiges et de signes s’accomplissaient par les Apôtres. » (Ac 2,42-43)

Catéchèse sur l’assemblée dominicale…

L’évangéliste nous précise bien que les disciples étaient rassemblés le premier jour de la semaine et que Jésus ressuscité vint parmi eux. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » (Mt 18,20) Mais Thomas n’était pas parmi eux… Ce n’est que huit jours plus tard, de nouveau lors de l’assemblée du premier jour de la semaine, que Thomas, se trouvant cette fois-ci parmi eux, va faire l’expérience du Ressuscité. Pour Jean qui écrit environ 70 ans après les débuts de l’Église, l’allusion est claire : le Ressuscité se rend présent à chaque assemblée dominicale. S’adressant aux nouveaux convertis il leur dit ainsi : « Ne ratez pas l’eucharistie dominicale, car c’est le lieu privilégié pour faire, en communauté chrétienne, l’expérience du ressuscité ! » C’est ce que confirme les actes des apôtres : « les frères étaient fidèles à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières. » Nous sommes loin ici d’une obligation légale d’assister à la « messe du dimanche » mais l’évangile nous dit que nous ratons quelque chose lorsque nous nous dispensons de la messe dominicale, que nous manquons à notre communauté et que nous risquons d’y perdre notre foi…

Catéchèse sur l’enseignement des apôtres…

« Les autres disciples lui disaient : ‘Nous avons vu le Seigneur !’ Mais il leur déclara : ‘Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas !’ » (Jn 20,25) Voici un autre enseignement de la part de Jean : quel crédit accordons-nous au témoignage de ceux qui nous ont précédés dans la foi ? Quel crédit accordons-nous à l’enseignement des apôtres, c’est-à-dire à l’enseignement de l’Église ? Sommes-nous si centrés sur-nous mêmes que nous n’accordons de crédit qu’à ce que nos yeux ont vu et à ce que nos mains ont touché ? Ici encore le sommaire des actes apporte un autre éclairage : « Les frères étaient fidèles à écouter l’enseignement des Apôtres » Qu’en est-il dans notre propre démarche de foi ? Sommes-nous capables d’accueillir les témoignages de foi d’autrui et d’accorder du crédit à l’enseignement de l’Église ou cultivons-nous un scepticisme acharné ?

Catéchèse sur la foi…

« Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jn 20,29) Contrairement à ce que nous disons habituellement, Thomas ne demande pas à voir plus que les autres : lors de la première rencontre dominicale avec le Ressuscité, celui-ci avait montré spontanément ses plaies aux disciples et les avait même invités à le toucher (chez Luc)… La pointe n’est pas là ! La pointe du texte c’est que ceux à qui s’adresse l’évangile de Jean, comme nous-autres, ne peuvent plus voir Jésus Ressuscité en chair et en os, cette période n’a duré que quelques jours entre Pâques et l’Ascension. Ne réclamons donc pas ce dont nous ne pouvons bénéficier… Mais Jean nous gratifie d’une béatitude spéciale : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » C’est véritablement là que se joue la foi. Croire après avoir vu, ne demande aucun élan de foi, mais croire, sans avoir de preuve, demande justement ce saut de la foi ! L’avons-nous déjà fait ? Le ferons-nous encore ? « La crainte de Dieu était dans tous les cœurs ; beaucoup de prodiges et de signes s’accomplissaient par les Apôtres. » (Ac 2,43) 

Oui, nous pouvons nous identifier à Thomas notre jumeau,

car nous non plus, nous n’étions pas là lors des apparitions du Ressuscité.

Mais réagirons-nous comme Thomas ou accepterons-nous la catéchèse de Jean

sur l’assemblée dominicale,

sur l’enseignement des apôtres,

sur le saut de la foi ?

 

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